I know you wanna go to heaven, but you're human tonight / Valentine

Insolente, névrosée, insouciante, révoltée, docile, magnanime, émotive, infernale, capricieuse, joueuse, instable, comédienne, frivole, impudique, dangereuse, séductrice, impertinente.

Elle vient d’un milieu où l’on ne déborde pas, où les rires sont de cristal et les larmes de marbre. Avant même qu’elle ne puisse articuler ses pensées elle a été déclarée inapte à vivre avec les autres. Scolarisée chez elle jusqu’à ses 17 ans, ses relations humaines n’étaient que des brides de bonjour et beaucoup trop d’au revoir. L’isolement la rongea, brida son âme qui vociféra de plus en plus fort pour se libérer, passant d’une enfant impossible à une jeune femme intenable. Ses crises caractérielles semblaient appuyer la théorie de son père et sa belle mère, alors qu'elle n'était qu'un oiseau qui tapait contre les barreaux de sa prison dorée. Elle est alors envoyée dans un internat pour jeune fille que l’on pourrait apparenter à un HP. Là-bas elle rencontre enfin de nouvelles personnes, même si les passages sont souvent brefs, contrairement au sien qui dur plusieurs mois. Elle n’en sort qu’à ses 18 ans, refusant de retourner au sein de ses parents et de sa nombreuse fratrie (5 frères et sœurs). Elle trouve refuge chez une ancienne pensionnaire et y restera jusqu’à ses 23 ans. Le temps de trouver un travail, de se bâtir un avenir sur un empire de cendre d'étoiles. Dans sa nouvelle résidence, un jeune homme s’installe juste en face de chez elle, ils s’apprivoisent lentement, presque par méfiance de l’un et de l’autre. Elle est discrète. Lui turbulent. Elle passe pour une emmerdeuse quand elle vient sonner alors qu’il fait trembler les murs avec sa stéréo. Jusqu’à ce que la magie de l’univers opère, que l’un et l’autre, presque dans le même instant finisse par succomber. Elle trouva un équilibre dans ce monde en lambeau. Leur amour étaient prédit comme fugace, car ravageur, ils s’aimaient à des extrêmes qui faisaient sourire les diables. Et un mariage se dessina quelques mois après le début de leur idylle. Un mariage qui n'arriva jamais, car le marié ne pu s'y rendre. Victime d'un accident. L'amnésie vient l'effleurer, suffisamment pour qu'il l'oublie. Elle et les derniers mois de son existence. Il se souvient seulement de leur première nuit, et d’une voisine un peu trop chiante. Elle n’est qu’une conquête parmi un océan de femmes. Leur histoire est une abysse où ses souvenirs ont plongé sans jamais revenir à la surface. Leurs 6 mois de relation n’est plus qu’un mirage un peu trop réel pour elle. Son esprit est fractionné, ses défauts exacerbés, il devient agressif, manipulateur, lutant contre les autres pour ne pas luter avec lui même. (FYI, il aurait assisté à la mise à mort de la mère de Clovis et @Iris Volange, il avait 14 ans à l’époque, depuis l’incident, la scène lui revient de façon récurrente en cauchemars alors qu’il n’y avait plus pensé depuis des années.) Le soir elle reste à l’attendre, assise devant sa porte d’entrée, dès que les pas se font entendre son cœur bat la chamade, jusqu’à ce que le bruit de la porte qui claque et le rire d’une autre femme mettent ses lubies en mile morceau.

Le goût de la douleur, des vapeurs de la ferveur, petit cœur soumis qui déplie ses jambes pour le plaisir de ces messieurs. Ces apôtres amoureux qui dissimulent des diables sous leurs chaires de père de famille bien cousus, de petits nantis savonnés à l’eau de javel. Pourtant si propres qu’ils cherchent la souillure, à vénérer la voûte charnelle d’une femme à la sortie de l’enfance. Valentine c’est l’indécence consommée, c’est la légèreté de ses bas déchiquetés, de ses baisers incisifs aux arômes d’eau de rose.

Enfant reine, orpheline du dieu de ses géniteurs. Bouche en cœur quand elle glisse sa poupe sur les bancs de l’église artificielle. En reddition face à l’autel, cuisses serrées, genoux abîmés, croisés pour cadenasser ses secrets, sa peau imbibée d’impudeur couverte pour contenter la bienséance. Poupée qui opine aux grands projets du créateur, la sueur écarlate qui dévale ses tempes quand elle joint ses mains et qu’elle blasphème des pitreries au lieu d’implorer le seigneur. Elle a soif dans ses entrailles d’hurler aux icônes d’aller se faire foutre et de porter ses excès en parure, afin de jeter définitivement le costume de petite catholique.

Elle est douce la nymphette en camisole et bien plus docile que ce que ses parents pensaient d'elle, elle était seulement comme une lionne en cage que l’on a muselée. Par peur de ce qu’elle était, de ce qu’elle pouvait être. folle comme sa mère. Pourtant elle a toute sa tête et bien plus encore, mais elle reste fragile à cause de son enfance difficile, des ombres projetées sur elle, comme si elle avait ça en elle, comme si un monstre vivait dans ses entrailles. Elle a du répondant, effrayée par sa propre soumission abusive, de ses vices nourris par les erreurs de son entourage, de sa rancoeur envers tout ceux qui lui ont volé sa jeunesse.

Valentine c'est une de ces grenades à retardement qui feront éclater sa ligné en milliers d'étoiles maudites. Sans le savoir elle conspire avec les malins pour détrôner l'humanité de son hégémonie. Poupée chiffon, poupée creuse à qui l'on empièce et rapièce les souvenirs à qui l'on tord les esquisses de sa mémoire pour lui faire oublier ses méfaits, pour lui faire oublier qu'elle n'est qu'un pion que l'on déplace au grès de ses péchés. Mais la gamine elle joue à faire semblant, l'ignorance est son arme, feindre la toute soumission, son meilleur alibi.